Complot en Lybie avec conspis 100% reconnus

La guerre en Libye relance les délires complotistes
Le Point.fr - notre correspondant à Genève, Jean Lalande
Animé par un homme à la personnalité controversée, le site suisse Mecanopolis voit la main d'al-Qaida dans l'intervention de l'Otan.


Thierry Meyssan, auteur de L'effroyable imposture, ouvrage prétendant que les attentats du 11 Septembre seraient un acte de terrorisme intérieur, a fui discrètement la Libye le 29 août par la mer pour se réfugier à Malte. Quelques jours auparavant, il écrivait encore sur son site, Le Réseau Voltaire : "Je ne pense pas que Tripoli puisse tomber, de même que je ne m'imagine pas que le colonel Kadhafi soit menacé." Farouche défenseur du dictateur libyen, Thierry Meyssan n'a jamais cessé d'accuser les journalistes de mentir et d'être, en fait, des espions, voire carrément des barbouzes.

Des élucubrations relayées par Mecanopolis, un curieux site suisse se définissant comme un "axe contre-mondialiste" et sur lequel on pouvait, par exemple, lire il y a peu qu'en Libye un bateau de l'Otan débarquait "des djihadistes d'al-Qaida, encadrés par des officiers de l'Alliance"... Selon un chiffre donné par le site lui-même, Mecanopolis attirerait quatre millions de visiteurs par an.

"L'espion de la mosquée"

C'est surtout la personnalité du principal animateur du site qui interpelle. Le Genevois Claude Covassi, 41 ans, avait déclenché une saga médiatique en 2006 et 2007 en affirmant que les services secrets suisses l'auraient chargé de compromettre Hani Ramadan, directeur du Centre islamique de Genève (CIG) et frère du prédicateur Tariq Ramadan, en l'impliquant dans le recrutement de combattants pour l'Irak. L'accusation, particulièrement grave, était reprise dans la presse internationale, notamment dans les pays musulmans. Après ses révélations, Claude Covassi s'était enfui aux îles Canaries, puis en Égypte.

Surnommé "l'espion de la mosquée", il passe alors plusieurs mois au Caire, multipliant les interviews. Il affirme notamment qu'il aurait déjoué une tentative d'attentat contre un avion de la compagnie d'aviation israélienne El Al à Genève. Très embarrassé par ces accusations, Berne demandait à une commission parlementaire d'enquêter sur cette affaire. Le rapport, publié le 15 mai 2007, est particulièrement accablant pour Claude Covassi.

Talent de manipulateur

Claude Covassi n'a jamais pu apporter le moindre indice étayant ses dires. Mêlé à de multiples trafics, notamment d'anabolisants, il est présenté dans ce rapport comme "sympathique", "doté d'une grande intelligence", mais comme une "personne habituée à vivre d'expédients et présentant un certain talent à manipuler les autres". Depuis, le faux espion n'avait plus fait parler de lui. Jusqu'à la Libye.

Mais avec la chute de Kadhafi, Mecanopolis devra se trouver d'autres "combats". Peut-être l'Iran. Claude Covassi et Thierry Meyssan ont déjà été invités cette année à Téhéran...

( Les nouveaux membres ne sont pas autorisés à poster de liens externes ou des emails pendant 7 jours. Veuillez contacter l’administrateur du forum pour plus d’informations... )

Alain Benajam, réseau Voltaire sur Facebook

» Alain Benajam est dirigeant d’une petite entreprise française de haute technologie et conseiller économique de la ville de Shangaï. Il est administrateur du Réseau Voltaire. »

Sur une page de l’organisation Axis For Peace, Alain Benajam est présenté comme débatteur pour:

Le colloque pour la paix dans le monde les 17 & 18 novembre 2005.

Quelques informations sur Axis for Peace sur ConspiracyWatch: » Leonid Ivashov : « Axis for War » »http://www.conspiracywatch.info/Leonid-Ivashov-Axis-for-War_a252.html et plus généralement ici http://www.conspiracywatch.info/search/axis+for+peace/

Ancien chef d’état-major interarmes de la Fédération de Russie [Leonid Ivashov], aujourd’hui vice-président de l’Académie russe pour les problèmes géopolitiques, c’est un nationaliste intransigeant, spécialiste de la désinformation.

La Galaxie Dieudonné, extrait pages 23 et 24:

… en février 2005, ce sont 3 autres administrateurs du réseau qui démissionnent. Michel Sitbon, Gilles Alfonsi et Jean-Luc Guilhem accompagnent leur départ d’un texte, « La fin du Réseau Voltaire », dénonçant et s’interrogeant sur les raisons de la transformation idéologique du réseau en « une officine complaisante tout à la fois envers les intégristes musulmans, les militants de la Serbie de Milosevic, les faurissoniens et les rouges-bruns »…

[...] Ils dénoncent également une opacité financière du réseau [...] « Alain Benajam avait fait état de ses relations avec les services chinois et de financement de l’association, éventualité qu’il disait lui même avoir discutée avec ceux-ci.«

Mis en cause, Alain Benajam répondit en confirmant qu’il avait été mis envoyé par « les services secrets français auprès des services chinois, et ce au nom du Réseau Voltaire. Il contestait que ces derniers lui avaient offert un quelconque financement mais précisait que c’est à son initiative qu’une telle possibilité avait été évoquée.« , « Lettre de Sitbon, Alfonsi, Guilhem » op. cit.

Objectivement, ce qui ressort du contenu du réseau Voltaire depuis la conférence « pour la paix » d’Axis for Peace en 2005, serait plutôt à mettre en relation avec des services syriens, iraniens, russes, vénézuéliens plutôt que français ou chinois.

Le 11 septembre 2011, Alain Benajam intervient dans un commentaire sur le blog Conspis hors de nos vies où il accuse une fois de plus les renseignements français:

Qui êtes vous?? vos articles ressemblent a des rapports de police, est-ce la DCRI derrière, ayant été gravement diffamé j’aimerais savoir qui va recevoir le papier bleu?? Merci de votre courage

L’influence des pro-Khadafi hors de Libye
01-03-2011, Michel Collon s’engage pour Kadhafi

Michel Collon publie cet article « Bush en Irak, c’était formidable. Vous en reprendrez bien un peu en Libye ? ». J’ai entendu ce discours conspirationniste cette semaine là de la part de personnes qui ne connaissent pourtant pas Michel Collon… des préjugés en vogue que Michel Collon sait parfaitement entretenir. Dès que des navires américains se déplacent, certains paniquent et s’imaginent qu’ils sont en route pour voler du pétrole quelque part, surement « chez » Kadhafi puisque le 16 février un navire de guerre américain traversait le canal de Suez, puis 2 iraniens quelque jours plus tard, de quoi alimenter les forums conspirationnistes et occulter l’évènement du 17 février: le début des manifestations en Libye pour demander des réformes. La répression militaire du clan Kadhafi a été immédiate dans toutes les villes.

Dans cet article du 1er mars, Michel Collon montre le cap à suivre à son public conspirationniste qui se chargera ensuite de relayer au grand public ce qu’ils nomment des « interrogations légitimes ». Via les forums citoyens comme Agoravox, la subversion se retrouve rapidement dans nos boites mail, partagée sur les réseaux sociaux. Le grand public retient néanmoins les grandes lignes du discours, toujours résumées dans le titre. Ce qui a pour effet de faire vivre les mythes dans l’opinion qu’il est ensuite facile de réalimenter au besoin. Des doutes illégitimes se cristallisent rapidement. La négation s’impose dans les esprits simples… ou complices. Michel Collon servira ensuite la désinformation du dictateur durant toute la guerre et encore actuellement. Il s’est rendu à Tripoli sous contrôle kadhafiste au mois de juin.

L’image choisie pour illustrer l’article trahit-elle le mauvais goût de Michel Collon ou celui de ses employeurs? On reconnait le style vichyste des visuels de la propagande iranienne et conspirationniste pro-dictatures. Choisir cette image à la date de cette publication servait essentiellement à faire oublier les appels des libyens pour une action internationale urgente contre Kadhafi, politique ou militaire.

L’image publique de Michel Collon est beaucoup plus soignée, on ne se douterait pas qu’il est employé par [?] pour servir de couverture aux massacres du clan Kadhafi:

C’est le double visage des nombreux squatteurs de la cause palestinienne qui entretiennent les provocations et la théorie du complot « capitalo-sioniste » bien connue des nazi, de la théocratie iranienne, du Hezbollah, des amis du régime syrien, des conspirationnistes.

De passage à Genève, un cyberactiviste libyen témoigne
A l'annonce du décès du colonel Kadhafi, Loay al-Magri, Benghazien de 24 ans qui a contribué à libérer Tripoli, réagissait depuis le cycle genevois André-Chavanne.

En tournée en Suisse sur invitation du DFAE, le jeune Libyen originaire de Benghazi, Loay al-Magri, 24 ans, a du mal à croire à la mort du colonel Kadhafi, après 42 ans de règne sans partage. A 24 ans, il a participé à la libération de Tripoli et est rentré terminer ses études d'architecte au Caire, depuis la fin du mois d'août. Lui qui est venu expliquer aux politiques suisses et qui a rencontré le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon dimanche dernier, a toutes les peines du monde à croire à l'annonce du décès du "Guide".
"Si Kadhafi est réellement mort, je serais plus que content!", finit-il par s'exclamer, après d'interminables explications sur les circonstances de la mort de Muammar Kadhafi. "Vous êtes sûre? Mais dans quelles circonstances? Comment ça, un bombardement de l'OTAN? Mais pourquoi ne l'ont-ils pas laissé vivant, qu'on puisse le juger et l'humilier comme il a humilié son propre peuple durant 42 ans?".
Il n'y croit pas encore tout à fait: "Non, en plus, s'ils l'ont vraiment tué, cela va accréditer les thèses conspirationnistes", regrette-t-il à l'avance.
Avant de conclure, avec une maturité épatante: "De toute façon, mort ou non, ce qui compte, c'est que les combats s'arrêtent et que les civils cessent d'être enterrés!"

Comme à chaque fois ou presque, l’annonce de la mort ou de l’arrestation est suivi d’images du dictateur déchu. Saddam déterré, Saddam humilié, Saddam pendu. Gbagbo en liquette ou les Ceaucescu gisant dans une mare de sang. Mouammar Khadafi n’y échappe pas. Quelques dizaines de minutes seulement après la notification de son décès par le Conseil national de transition lybien, plusieurs médias, reprenant l’AFP et Al-Jazira, ont diffusé photographies et vidéos d’un cadavre ensanglanté mais a priori reconnaissable. En mai dernier, le Temps avait interrogé André Gunthert, directeur du Laboratoire d’histoire visuelle contemporaine, à Paris, sur cette pratique consistant à exhiber les clichés du perdant. «C’est une très vieille façon de marquer sa victoire, une figure rhétorique obligatoire. A Rome, les chefs gaulois vaincus suivaient le cortège de l’empereur, attachés derrière le char. C’est une image forte. Quasiment tous les leaders arrêtés ou tués ont été pris en photo par leurs ennemis. On a vu les dictateurs, on a vu le Che… Seul Hitler, jusque-là, faisait exception (...) et cela a alimenté les rumeurs conspirationnistes pendant des années. Il est important d’avoir la preuve visuelle de la défaite de l’ennemi», arguait-il. Tellement important ou désirable que certains ont fabriqué un photomontage lors de l’élimination d’Oussama Ben Laden, mêlant son visage à celui d’un anonyme défiguré.